Les différentes techniques d’attaques par ingénierie sociale

Une étude du Cyber Security Hub a montré que 75% des professionnels de la cybersécurité considèrent l’ingénierie sociale et les attaques de phishing comme les menaces « les plus graves » pour la sécurité de leur entreprise. Les professionnels, en particulier ceux qui travaille dans des secteurs sensibles comme la finance, la santé, et les infrastructures critiques, sont souvent les premières cibles des attaques d’ingénierie sociale.

L’ingénierie sociale, qu’est-ce que c’est ?

L’ingénierie sociale est une technique de manipulation psychologique dans laquelle les cybercriminels vont utiliser la confiance, la curiosité ou l’ignorance d’un utilisateur pour le pousser à transmettre des informations sensibles ou à réaliser des actions compromettant la sécurité de leur organisation. À l’inverse d’une fraude technique qui s’appuie sur des faiblesses matérielles ou logicielles, l’ingénierie sociale cible principalement l’élément humain. L’objectif va être de contourner les mécanismes de sécurité en manipulant les utilisateurs, généralement sans qu’ils se rendent compte qu’ils ont été trompés.

Quelles sont les différentes techniques utilisant l’ingénierie sociale ?

Le phishing

Le phishing, ou hameçonnage, est une technique d’ingénierie sociale où les pirates envoient des messages, généralement par des mails, semblant provenir d’une source de confiance ou d’une personne connue. L’objectif est d’inciter la victime à cliquer sur un lien qui lui fera télécharger un logiciel malveillant, ou l’incitera à fournir des informations confidentielles, telles que des identifiants de connexion, des numéros de carte bancaire, ou d’autres données sensibles.

  • Spear phishing : À l’inverse du phishing général, le spear phishing cible des individus spécifiques, souvent en utilisant des informations personnelles ou professionnelles pour rendre l’attaque plus crédible.

  • Whaling : Une forme de spear phishing qui cible des individus de haut niveau au sein d’une organisation, comme les PDG ou les directeurs financiers. Les attaques de whaling sont souvent personnalisées pour traiter des informations financières ou sensibles à haut risque.

  • Clone phishing : L’attaquant crée une copie quasi parfaite d’un mail légitime déjà envoyé par une source fiable, modifiant les liens ou les pièces jointes pour y mettre des éléments malveillants.

Le pretexting

Le pretexting est un type de fraude où les pirates vont créent un scénario fictif pour convaincre la victime de fournir des informations ou d’effectuer une action. Cela peut impliquer que l’attaquant se fasse passer pour un collègue, un fournisseur, ou même un agent de l’État. Le succès du pretexting repose sur la crédibilité de l’histoire et la capacité de l’attaquant à favoriser son côté social pour instaurer une relation de confiance.

Le baiting

Le baiting est une méthode où l’attaquant utilise des objets ou des offres pour piéger les victimes et les inciter à compromettre leur sécurité. Un exemple classique est celui d’une clé USB infectée laissée dans un lieu public. La curiosité incite la victime à brancher la clé USB sur son ordinateur, ce qui installe un logiciel malveillant.

Le quid pro quo

Le quid pro quo est une technique d’ingénierie sociale où l’attaquant propose un service ou une récompense (comme de l’argent) en échange d’informations confidentielles ou d’un accès. Ce type d’attaque repose sur le principe du donnant-donnant, où la victime va être incitée à donner quelque chose de valeur en croyant recevoir un avantage en retour.

Le tailgating

Le tailgating est une technique où l’attaquant s’infiltre dans des zones sécurisées en suivant de près une personne autorisée, souvent en profitant de la courtoisie de l’employé. Cette méthode permet à l’attaquant d’accéder à des zones restreintes sans avoir à franchir les systèmes de sécurité physiques, comme les badges d’accès ou les contrôles biométriques.

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Impact des attaques d’ingénierie sociale sur les organisations

Conséquences financières

Les répercussions financières d’une attaque d’ingénierie sociale peuvent être destructrices pour une organisation. Ces conséquences économiques se manifestent de plusieurs manières :

  • Perte directes : Lorsqu’une attaque réussit, elle peut entraîner des pertes financières. Par exemple, une attaque de phishing (hameçonnage) qui cible les services financiers d’une entreprise peut conduire au transfert frauduleux de fonds. Dans le cas d’un ransomware, une organisation pourrait être contrainte de payer une rançon pour récupérer l’accès à ses données ou systèmes.

  • Coûts de récupération : Après une attaque, les coûts associés à la restauration des systèmes, la récupération des données, et la mise en place de nouvelles mesures de sécurité peuvent être représentatifs. Cela inclut aussi les frais liés aux enquêtes post-incident, à l’embauche de consultants en cybersécurité, et à la mise à jour des infrastructures de sécurité.

  • Amendes et sanctions réglementaires : Si une attaque d’ingénierie sociale conduit à une violation de données personnelles, l’entreprise peut être confrontée à des amendes sévères en vertu de lois sur la protection des données telles que le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) en Europe. Ces amendes peuvent représenter un pourcentage élevé du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise.

  • Pertes d’opportunités commerciales : Les attaques peuvent paralyser les opérations d’une entreprise, entraînant des retards dans les projets, des interruptions de service, et la perte de contrats ou d’opportunités d’affaires. Par exemple, une entreprise victime d’une attaque pourrait manquer une opportunité de soumission à un appel d’offre ou de finalisation d’un contrat clé en raison de l’incapacité à fournir des services ou des produits dans les délais convenus.

  • Augmentation des primes d’assurance : Les entreprises victimes d’attaques peuvent voir leurs primes d’assurance cyber augmenter de manière significative, les assureurs les considérant comme des risques plus élevés. De plus, certaines polices d’assurance peuvent na pas couvrir tous les coûts associés à une attaque, laissant l’entreprise supporter une part important des pertes.

  • Litiges et recours collectifs : Les organisations peuvent être confrontées à des actions en justice de la part de clients, partenaires ou actionnaires suite à une attaque. Ces litiges peuvent entraîner des frais juridiques élevés, ainsi que des règlements ou des dommages-intérêts potentiellement coûteux.

Impact sur la réputation

Au-delà des pertes financières, les attaques d’ingénierie sociale peuvent porter un coup sur la réputation d’une entreprise, cela peut avoir des conséquences à long terme encore plus graves :

  • Perte de confiance des clients : Lorsqu’une entreprise est victime d’une attaque d’ingénierie sociale, en particulier si des données sensibles ont été compromises, les clients peuvent perdre confiance dans la capacité de l’entreprise à protéger leurs informations. Cela peut conduire à une résiliation des contrats, une réduction des ventes, et une baisse de la fidélité des clients.

  • Dégradation de l’image de marque : Les entreprises qui subissent des attaques médiatisées voient souvent leur image de marque ternie. Les médias et les réseaux sociaux amplifient les incidents de sécurité, ce qui peut entraîner une perception publique négative durable. Par exemple, une entreprise qui ne réagit pas de manière transparente ou adéquate à une attaque peut être perçue comme négligente ou incompétente.

  • Détérioration des relations avec les partenaires commerciaux : Les partenaires et les fournisseurs peuvent devenir méfiants à l’égard d’une organisation qui a été victime d’une attaque, craignant que leur propre sécurité puisse être compromise par association. Cela peut entraîner une réévaluation ou une rupture des relations commerciales, ainsi que des exigences contractuelles en matière de sécurité, augmentant les coûts pour l’organisation.

  • Attraction et rétention des talents : Les professionnels, en particulier ceux du secteur technologique, peuvent être réticents à travailler pour une entreprise qui a subi des violations de sécurité notables. Les attaques peuvent également affecter le moral des employés existants, qui peuvent se sentir moins en sécurité ou fiers de travailler pour une entreprise perçue comme vulnérable.

  • Impact sur la valorisation boursière : Pour les entreprises cotées en bourse, les attaques d’ingénierie sociale peuvent provoquer une chute de la valeur des actions. Les investisseurs peuvent perdre confiance en la capacité de l’entreprise à gérer les risques de sécurité, ce qui peut conduire à des ventes massives d’actions et à une baisse de la capitalisation boursière.

  • Challenges dans la reprise de la réputation : La reconquête de la confiance des clients, partenaires et investisseurs peut prendre des années et nécessiter des investissements en communication, en campagnes de réassurance, et en amélioration des systèmes de sécurité. Cette réhabilitation est coûteuse et peut ne pas toujours être couronnée de succès, surtout si l’entreprise subit plusieurs incidents de sécurité.

Comment se protéger contre l’ingénierie sociale ?

Sensibilisation et formation des employés

Les employés sont souvent la première ligne de défense contre les attaques d’ingénierie sociale. Une sensibilisation et une formation continue sont importantes pour réduire les risques.

Programmes de formation 

  • Importance de la formation : Il est essentiel que le personnel comprenne les différentes techniques d’ingénierie sociale et comment les reconnaître. La formation ne doit pas se limiter aux équipes informatiques, mais doit inclure tous les employés, des cadres aux personnels d’accueil. Un personnel bien informé est moins susceptible de tomber dans les pièges des attaquants.

  • Contenu : Les programmes de formation doivent couvrir les bases de l’ingénierie sociale, comme le phishing, le pretexting, … Ils doivent aussi inclure des exemples concrets d’attaques réelles et des conseils sur la manière de les éviter.

Simulations d’attaques

  • Tests de phishing : L’utilisation de simulations d’attaques, comme les tests de phishing, est un moyen efficace de préparer les employés à faire face à de véritables attaques. Ces tests consistent à envoyer un email de phishing aux employés pour évaluer leur réaction. Ceux qui cliquent sur des liens suspects ou fournissent des informations sensibles peuvent recevoir une formation supplémentaire.

  • Mesure et suivi : Après chaque simulation, il faut évaluer les résultats et faire un retour d’information aux employés. Les entreprises doivent utiliser ces résultats pour identifier les faiblesses dans leurs processus de sécurité et adapter leurs programmes de formation en conséquence.

Mise en place de politiques de sécurité strictes

Des politiques de sécurité bien définies sont essentielles pour limiter les risques d’ingénierie sociale. Elles doivent couvrir l’ensemble des processus internes liés à la gestion des informations sensibles.

Politiques de mot de passe

  • Renforcement des mots de passe : Ce sont souvent la première ligne de défense contre les cybercriminels. Il faut donc mettre en place des politiques sur leur création, leur utilisation et leur renouvellement.

  • Authentification multi-facteurs (MFA) : En complément des mots de passe, l’authentification multi-facteurs doit être déployée pour ajouter une sécurité supplémentaire. Même si un utilisateur inconnu obtient un mot de passe, il devra encore passer une seconde étape d’authentification, rendant l’accès plus difficile.

Vérifications d’identité

  • Protocoles de vérification : Avant de divulguer des informations sensibles, des protocoles de vérification d’identité doivent être en place. Par exemple, un employé soit toujours vérifier l’identité de l’interlocuteur par des moyens indépendants avant de répondre à une demande d’informations confidentielle.

  • Double vérification : Pour les demandes inhabituelles ou urgentes, une double vérification doit être effectuée. On va y inclure la confirmation de la demande par un appel téléphonique à un numéro officiel, …

  • Utilisation de mots de passe ou de codes internes : Dans certains cas, il peut être utile d’utiliser des mots de passe ou des codes spécifiques pour valider des demandes de transmission d’informations sensibles, garantissant que seules les personnes autorisées peuvent accéder aux informations.

Technologies de prévention

L’intégration de technologies est indispensable pour détecter et prévenir les tentatives d’ingénierie sociale.

Solutions technologiques

  • Logiciels de sécurité avancés : L’utilisation de logiciels de détection de phishing, de filtrage des emails, et de protection contre les malwares est essentielle pour réduire les risques d’ingénierie sociale. Ces outils analysent les communications entrants, identifient les liens suspects, et isolent les pièces jointes potentiellement dangereuses.

  • Systèmes de gestion des identités et des accès (IAM) : Les solutions IAM permettent de contrôler et de surveiller qui a accès à quelles ressources au sein de l’organisation. Elles aident à s’assurer que seuls les utilisateurs autorisés accèdent aux informations sensibles et que ces accès sont régulièrement réévalués.

  • Outils d’évaluation des risques : Des outils de gestion des risques peuvent être utilisés pour évaluer en continu les vulnérabilités potentielles au sein de l’organisation. Ces évaluations permettent d’adapter les mesures de sécurité en fonction des menaces émergentes.

Surveillance continue

  • Monitoring actif : La surveillance continue des systèmes est essentielle pour détecter les comportements suspects en temps réel. Les systèmes de détection d’intrusion (IDS) et les systèmes de prévention des intrusions (IPS) sont des outils pour surveiller les activités réseau et signaler toute anomalie.

  • Analyse comportementale : Les solutions d’analyse comportementale peuvent identifier des comportements anormaux d’utilisateurs, tels que des tentatives d’accès inhabituelles ou des transferts de données non autorisés. Ces anomalies peuvent être des indicateurs d’une tentative d’ingénierie sociale.

  • Alerte en temps réel : Les systèmes de sécurité doivent petre configurés pour émettre des alertes en temps réel lorsque des activités suspectes sont détectées. Cela permet une réponse rapide, limitant les dommages potentiels.

  • Audit régulier et révisions : Les entreprises doivent effectuer des audits réguliers de leurs politiques et technologies de sécurité pour s’assurer qu’elles sont à jour face aux dernières menaces. Cela inclut également la révision des logs et des événements de sécurité pour identifier toute activité qui pourrait avoir échappé à la détection en temps réel.

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