Fraude documentaire : repérer, prévenir, agir !

Dans un contexte où la technologie prend de plus en plus d’ampleur, il est tentant de penser que les menaces majeures pesant sur la sécurité des entreprises sont essentiellement virtuelles, mais la fraude documentaire demeure une menace bien réelle et insidieuse. Les actes de falsification, de contrefaçon, de modification et de manipulation de documents constituent des stratagèmes bien ancrés dans l’arsenal des fraudeurs, et ils ont le potentiel de causer d’importants préjudices à toutes sortes d’organisations. Cette fraude s’inscrit parmi les nombreux types de fraude en entreprises qui existent aujourd’hui.

Fraude documentaire, qu’est-ce que c’est ?

La fraude documentaire désigne toute action ou pratique délibérée visant à falsifier, altérer, manipuler ou contrefaire des documents légaux, officiels ou privés, dans le but de tromper, ou de dissimuler des informations importantes. Ces documents peuvent inclure des pièces d’identité, des contrats, des factures, des relevés bancaires, des certificats, des rapports financiers, ou tout autre type de document qui a une valeur et une validité juridique ou professionnelle.

Différentes techniques de fraude documentaire en entreprise

La fabrication de documents falsifiés, consiste à créer des faux documents de toutes pièces. Cela englobe la production de contrats, factures, relevés bancaires, ou d’autres documents officiels fictifs. Les fraudeurs utilisent leurs compétences en conception graphique ou des logiciels avancés pour donner un aspect convaincant à ces faux documents.

La falsification de document implique la modification frauduleuse de document existant. Cela peut consister à changer des chiffres, des dates, des noms, ou d’autres détails sur un document légitime pour en changer le sens ou l’impact. Par exemple, modifier le montant d’une facture pour obtenir un paiement supérieur.

C’est une technique reposant sur l’usurpation, les fraudeurs utilisent des documents complètement fabriqués ou volés pour créer une apparence de légitimité. Cette stratégie peut inclure l’usage de fausses cartes d’identité, de numéros de comptes bancaires inventés ou de lettres de recommandation falsifiées, dans le but de tromper des individus ou des organisations.

La falsification de signatures désigne la reproduction frauduleuse de la signature manuscrite d’une personne autorisée sur un document. Cette action peut être réalisée à l’aide de méthodes de reproduction manuelle ou numérique afin de valider des transactions ou des engagements contractuels sans le consentement du signataire légitime. La fraude au CEO est une variante de cette pratique, où la signature du dirigeant de l’entreprise est contrefaite dans le but de valider des transactions ou des décisions financières sans son autorisation.

Cette technique implique la création de documents fictifs qui n’ont jamais existé. Les fraudeurs inventent des transactions, des contrats ou des activités fictives et produisent des documents pour corroborer ces affirmations. À titre d’exemple, ils peuvent émettre de fausses factures pour légitimer des paiements ou des services qui n’ont jamais eu lieu.

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Risques, prévention et l’après fraude

Les risques pour une entreprise

  • Dommages financiers : Les fraudeurs ont pour objectif d’obtenir des paiements non mérités, créant ainsi la possibilité de pertes financières considérables pour l’entreprise. Les dépenses injustifiées et les transactions frauduleuses exercent une pression sur les bénéfices et ont un impact direct sur la stabilité financière de l’entreprise.

  • Altération de la confiance : La fraude documentaire a le potentiel de fragiliser la confiance des partenaires commerciaux, des clients et des investisseurs. Elle peut remettre en question la fiabilité de l’entreprise, son engagement éthique et son intégrité. Les répercussions sont diverses, comprenant par exemple : la perte de clients, des litiges juridiques, une baisse des ventes, une érosion de la part de marché, la méfiance des partenaires commerciaux quant à la conclusion d’accords,… Le résultat global est une dépréciation de la valeur de l’entreprise sur le marché, rendant plus difficile la levée de fonds et le développement.

  • Conséquences juridiques et mesures punitives : Les fraudes documentaires exposent les entreprises à des risques juridiques importants, telles que des poursuites judiciaires, des amendes, des sanctions gouvernementales et des enquêtes réglementaires. Ces conséquences légales peuvent être sévères, affectant à la fois l’entreprise elle-même et ses dirigeants. Même une implication involontaire peut entraîner des amendes considérables, des sanctions pénales, voire la révocation de licences et de permis d’exploitation pour l’entreprise.

  • Répercussions sur les employés, le temps et les ressources : La détection et la résolution de fraudes documentaires requièrent des investissements significatifs en matière de temps, de main-d’œuvre et de ressources financières. L’entreprise doit consacrer des efforts considérables pour mener des enquêtes, rectifier les erreurs et renforcer ses mécanismes de contrôle. Par ailleurs, les fraudes documentaires ont le potentiel d’affecter la morale et la motivation des employés. Les soupçons et la méfiance qui s’installent au sein de l’entreprise peuvent instaurer un climat de travail nocif.

  • Problèmes de Conformité : Les fraudes documentaires peuvent donner lieu à des enjeux de conformité règlementaire et de gouvernance d’entreprise. Les sociétés peuvent se retrouver soumises à des contrôles plus rigoureux ainsi qu’à des obligations de communications plus contraignantes.

Techniques de prévention

Il est essentiel de former le personnel à la détection de la fraude documentaire. Ils doivent comprendre les vulnérabilités de l’entreprise, les types de documents à risque et les procédures à suivre en cas de suspicion de fraude. La Gendarmerie nationale propose également des formations pour renforcer les compétences de votre équipe dans ce domaine.

La mise en place de processus de sécurité informatique visant à la protection des documents numériques, de procédures d’authentification des documents papiers, ainsi que des protocoles d’interventions rapides en cas de soupçon de fraude, sont essentiels. Les audits internes et externes sont des opérations clés pour s’assurer de l’efficacité et du respect de ces contrôles. Cela permettra également de limiter les potentiels fraudes internes.

Il est essentiel d’analyser et de saisir les diverses voies par lesquelles l’entreprise pourrait être vulnérable à la fraude documentaire. Cela suppose d’examiner attentivement le type de documents employés au sein de l’organisation, leur mode de stockage et de partage, ainsi que les transactions qu’ils autorisent. La cartographie des processus essentiels s’avère cruciale pour repérer les zones de fragilité et intervenir en conséquence.

Protégez les données sensibles et les documents financiers en ayant recours à des systèmes de gestion de l’information sécurisée. Restreignez l’accès à ces documents aux seules personnes ayant l’autorisation d’y accéder. De plus, surveillez attentivement les transactions financières à la recherche de schémas inhabituels, en utilisant des outils d’analyses de données pour repérer toute anomalie. Ces mesures contribueront à renforcer la sécurité et la fiabilité de vos documents financiers.

L’instauration d’une politique de gestion documentaire définissant des directives précises concernant la création, la gestion, l’archivage, la récupération et la destruction des documents est cruciale.

Instaurez un système de dénonciation des fraudes, permettant aux employés de signaler de manière confidentielle toute conduite suspecte. Pensez à collaborer avec des professionnels de la sécurité, de l’audit, de la gestion des risques, tel que la gendarmerie, la police nationale et des assurances, ceux-ci pourront vous apporter leur expertise sur le sujet afin de trouver des solutions à vos besoins.

Que faire suite à une fraude documentaire ?

  • Isoler l’incident : Réalisez une identification de la source de la fraude et isolez-la pour prévenir toute aggravation du problème.

  • Documentez les preuves : Rassemblez tous les justificatifs pertinents, y compris les documents falsifiés, les communications, les archives, etc.

  • Informez les autorités : Signalez la fraude aux autorités compétentes, telle que le département « PIFI » de la gendarmerie nationale ou la police, en vue d’entamer des investigations officielles.

  • Engagez une enquête interne : Menez une enquête interne pour comprendre l’étendue de la fraude et identifier les responsables et les potentielles victimes.

  • Examinez les polices d’assurance : Vérifiez si votre entreprise est couverte par une assurance contre la fraude et engagez le processus de réclamation si nécessaire.

  • Élaborez un plan de communication : Préparez un plan de communication pour informer les médias, le public et d’autres parties prenantes de l’incident, en fonction de son importance.

  • Apprenez de l’expérience : Effectuez une analyse post-fraude pour détecter les enseignements à tirer et les améliorations à apporter à vos politiques et procédures.

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