L’arnaque au président, mère des fraudes au virement
La fraude au président ou arnaque au président connaît un succès constant auprès des fraudeurs depuis 2010. Particulièrement connu et relayé par les médias, ce type de fraude ne cesse de croître dans les entreprises. En France, elle est la deuxième méthode la plus utilisée à l’encontre des sociétés et représente 38% de tentatives selon le baromètre 2020 Euler Hermès – DFCG. Elle fait donc partie du top 5 des fraudes en entreprise.
Mode opératoire
La fraude au président, souvent associé à la fraude au CEO, est une escroquerie fondée sur l’usurpation d’identité et l’ingénierie sociale (Social Engineering), un type de fraude en entreprise. Le mode opératoire utilisé par le fraudeur consiste à se faire passer pour le dirigeant d’une société auprès d’un collaborateur et le convaincre d’effectuer un virement bancaire confidentiel en urgence. Le fraudeur utilise toujours le caractère urgent et confidentiel de l’opération et insiste sur la confiance que porte le président à son collaborateur pour aboutir à une transaction. Le faux dirigeant incite le collaborateur à lancer un ordre de virement frauduleux. Une fois réceptionné sur son compte, l’escroc procède au transfert de l’argent sur des comptes à l’étranger. De cette façon, il limite les chances des autorités de tracer les flux bancaires.
Le saviez-vous ?
La fraude au faux président apparaît en France en 2005. C’est l’escroc Gilbert Chikli qui organise cette forme d’arnaque en se faisant passer pour le PDG de certaines sociétés afin d’ordonner de faux ordres de virement. Il est condamné à une peine de prison par le tribunal correctionnel de Paris après avoir dérobé plusieurs millions d’euros.
Reconnaître la fraude au président
La fraude financière connue sous le nom d’arnaque au président requiert de la part du fraudeur un degré de connaissance élevé sur la personne dont il usurpe l’identité et fait partie des fraudes les plus intrusives, mettant en cause la personne elle-même et son entourage. Ce sont d’ailleurs les services comptabilité et trésorerie qui sont le plus souvent ciblés.
Face à un collaborateur méfiant, le fraudeur partagera de nombreuses informations, même si elles ne sont pas connues du collaborateur, pour légitimer ses propos et les rendre crédibles. Bien souvent, d’un point de vue psychologique, la profusion de détails est un gage d’honnêteté face à un interlocuteur méfiant.
Pour augmenter ses chances, le fraudeur met toujours son interlocuteur sous pression pour l’empêcher de se poser des questions et de réfléchir à la situation. Il mise sur l’urgence face à une situation inhabituelle et est particulièrement insistant sur le caractère confidentiel de l’opération. Le caractère urgent et imprévu doit vous mettre la puce à l’oreille, c’est le premier signe d’une fraude au président.
L’insistance sur la confiance que porte le dirigeant envers son collaborateur dans une conversation à distance est un deuxième élément qui doit vous alerter.
Un troisième indicateur de ce genre d’escroquerie est la demande d’un virement à l’étranger non planifié ou un changement soudain de coordonnées bancaires d’un fournisseur connu de la société.
Enfin, pour finir de convaincre son interlocuteur, le fraudeur peut également se montrer très bavard et utiliser des détails de la vie privée du dirigeant dont il usurpe l’identité pour insister sur la confiance qu’il place envers un collaborateur dévoué.
Pourquoi la fraude au président est une menace ?
L’arnaque au président est un véritable fléau économique. Lorsqu’une organisation est victime de ce genre d’attaque, les conséquences peuvent être nombreuses :
1. IMPACT FORT SUR L’IMAGE DE MARQUE DE L’ENTREPRISE
Les entreprises victimes d’arnaques au virement peuvent aussi bien être des petites structures que des plus grandes organisations et les répercussions en termes d’image sont parfois désastreuses à différents niveaux. Elle engendre bien souvent une perte de confiance des clients, des fournisseurs, mais également des collaborateurs. Dans les pires scénarios, cela peut aller jusqu’à coûter l’emploi de certains collaborateurs.
2. IMPACT FINANCIER, DU LICENCIEMENT À LA FAILLITE DE L’ENTREPRISE
Une organisation peut mettre plusieurs mois, parfois plusieurs années, à se remettre d’une telle crise. Lorsque le préjudice financier subi est trop important, pouvant se chiffrer à plusieurs millions d’euros, elle se voit malheureusement dans l’obligation de se séparer de ses collaborateurs, parfois même de déposer le bilan.
3. IMPACT PSYCOLOGIQUE, COLLABORATEUR SOUS PRESSION
Lors d’une fraude avérée dans l’entreprise, les répercussions psychologiques sont toujours importantes pour le collaborateur qui en a été la cible : stress, anxiété, mise sous pression. Le regard des autres et la confiance des autres collaborateurs sont des facteurs aggravants du syndrome post-traumatique de la victime.