Corruption active et passive : définition, différences et enjeux juridiques pour les entreprises.
L’avilissement touche plusieurs secteurs d’activités et pose des défis majeurs pour les organisations, particulièrement au sein d’un environnement globalisé et de plus en plus régulé. En ce qui concerne le droit pénal des affaires, nous distinguons deux types de comportements : la corruption active et la corruption passive.
En quoi ça consiste ?
La corruption active
Ce type de corruption est définie par le code pénal comme étant le fait pour une personne, directement ou indirectement, de proposer, de promettre, ou d’octroyer un avantage indu à une personne exerçant une fonction publique ou privée, dans le but d’influencer l’accomplissement d’un acte relevant de ses fonctions. Cette infraction part d’une initiative de la personne corrompue, qui cherche à influencer l’action ou la décision d’un autre, en échange d’un avantage.
En France, la corruption active est notamment réprimée par les articles 433-1 et suivants du code pénal. Elle concerne tant les fonctionnaires que les personnes exerçant une activité privée, comme dans le cadre de transactions commerciales.
Les actes de corruption sont souvent associés à des infractions connexes, comme :
La corruption passive
Ce type de corruption est, quant à elle, définie comme l’acte, pour un agent public ou privé, d’accepter ou de solliciter des avantages indus en échange de l’accomplissement ou de l’abstention d’un acte lié à ses fonctions.
Les différences entre ces deux types de corruptions
Les mécanismes juridiques
Les mécanismes juridiques qui encadrent la corruption active et passive reposent sur des principes distincts, bien qu’ils soient souvent couverts par les mêmes textes de loi en matière de lutte contre l’avilissement. Chaque type de corruption engage des promesses, des avantages et des responsabilités pour l’auteur de l’infraction.
Les enjeux de conformité pour les entreprises
Pour une société, les enjeux liés à ces corruptions sont considérables. L’implication dans l’une ou l’autre forme d’avilissement, même indirectement, peut entraîner des conséquences désastreuses, tant sur le plan légal que sur celui de la réputation.
Cadre législatif national et international
En France
Loi sapin II (2016) : Cette norme est l’un des piliers du droit en matière de lutte contre l’avilissement en France. Elle impose aux organisations de plus de 500 salariés ou réalisant un chiffre d’affaires de plus de 100 millions d’euros de mettre en place un dispositif de prévention de la corruption, visant à éviter tout pacte de corruption entre un corrupteur et un corrompu.
Ce dispositif comprend :
Cette norme a créé l’Agence Française Anticorruption (AFA), une autorité indépendante ayant pour mission de surveiller la bonne application des dispositifs de conformité anticorruption, d’accompagner les entreprises en matière de conseil et de sanctionner les manquement graves.
Code pénal : Ces deux types de corruptions sont sanctionnées par le code pénal français. Les articles 433-1 et suivants précisent les peines encourues pour tout délit de corruption. Ces sanctions incluent des peines pouvant aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et un million d’euros d’amende, ou plus si l’amende est proportionnée aux gains réalisés grâce à l’avilissement. La jurisprudence française a ainsi consolidé les fondements du droit anticorruption, imposant des peines exemplaires aux auteurs de pactes corrupteurs.
Règlementation européenne : En tant que membre de l’Union européenne, la France se conforme également aux directives et règlements européens. La directive de 2019 sur la protection des lanceurs d’alerte a, par exemple, renforcé les droits des employés souhaitant dénoncer des pratiques illégales, y compris les délits d’avilissement. Les lanceurs d’alerte peuvent désormais signaler des abus dans des conditions qui garantissent la protection de leur identité, tout en aidant la justice à réprimer ces actes.
À l’international
Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) – États-Unis : Promulgué en 1977, le FCPA est l’une des législations anticorruption les plus anciennes et les plus rigoureuses au niveau international. Il interdit aux sociétés américaines, ainsi qu’à toutes sociétés cotée aux États-Unis, de verser des pots-de-vin à des fonctionnaires étrangers pour obtenir ou conserver un marché. Il couvre ces deux types de corruption, et impose aux sociétés de tenir des comptabilités transparentes et de réaliser des audits internes pour vérifier leur conformité. Les amendes pour violation du FCPA peuvent atteindre des montants colossaux, et des peines de prison sont prévues pour les dirigeants impliqués. Dans ce cadre, le recours à un avocat expert en droit des affaires internationales devient souvent essentiel pour naviguer dans les méandres de cette législation.
UK Bribery Act -Royaume-Uni : Le UK Bribery Act, adopté en 2010, va encore plus loin que le FCPA américain en criminalisant non seulement les promesses ou propositions de corruption entre entités privées. La loi prévoit également une infraction spécifique pour les organisations qui échouent à prévenir l’avilissement en leur sein, plaçant une responsabilité directe sur les programmes de compliance. Les sociétés doivent donc prouver qu’elles ont mis en place des mesures de prévention efficaces pour éviter d’être tenues responsables. Ce texte s’applique même aux actes de corruption sans lien direct avec des autorités publiques. Ici encore, les organisation internationales doivent souvent s’appuyer sur un maître en droit pour s’assurer de leur conformité et éviter les répressions prévues par cette législation.
Convention de l’OCDE sur la lutte contre la corruption : Cette convention, adoptée en 1997, engage les pays membres à pénaliser la corruption d’agents publics étrangers. Cette convention établit des standards internationaux et encourage la coopération entre autorités judiciaires pour lutter contre les pratiques corruptrices à travers les frontières. Les organisations opérant à l’international doivent donc faire preuve d’une certaine vigilance pour se conformer et éviter les pactes corrupteurs qui pourraient engager leur responsabilité devant les tribunaux nationaux et internationaux.
Conséquences de la corruption active et passive
Risque pour les entreprises
Amendes et sanctions
Les sociétés reconnues coupables de corruption s’exposent à des amendes particulièrement élevées, en fonction de la gravité des faits et des législations en vigueur.
Et au niveau réputationnel ?
Risque pour les individus
Poursuite pénales contre les dirigeants et employés
Effets sur la carrière professionnelle
Mais du coup, comment ça se passe pour les entreprises ?
Pour les sociétés travaillant à l’international, le respect des diverses législations anticorruption représente un enjeu stratégique important. Elles doivent se conformer aux réglementations de chaque pays dans lequel elles exercent des activités, sous peine de lourdes sanctions. Cela induit la mise en place de politiques de conformité et la réalisation d’audits pour assurer la transparence et l’intégrité de leurs pratiques commerciales.
Compliance (conformité) :
Les sociétés multinationales doivent élaborer et mettre en oeuvre des programmes de compliance adaptés aux exigences locales et internationales.
Cela implique :
Audits et contrôles internes : Les organisations sont également tenues de réaliser des audits internes réguliers pour éviter la conformité de leurs pratiques avec les législation anticorruption. Ces audits permettent de détecter les éventuels manquements et de corriger les failles dans les systèmes de contrôle interne.
Coordination avec les autorités régulatrices : En cas de suspicion de corruption les entreprises doivent être en mesure de coopérer avec les autorités locales et internationales, notamment en fournissant les informations requises lors des enquêtes. Les sociétés qui collaborent pleinement peuvent parfois bénéficier de réductions de peine ou d’amendes réduites, à condition d’avoir mis en place des programmes de conformité solides.